L’accouchement est une tempête
Jun 13, 2022Demandez à une personne parent ou grand-parent dans votre entourage si la parentalité est un long fleuve tranquille. Il y a de bonnes chances que cette personne réponde que non et qu’elle se confie des périodes de chamboulements que la vie lui a fait traverser en accompagnant son ou ses enfants. La naissance est en soi un grand événement de vie qui bouscule. Cet événement donne naissance à un enfant, mais transforme aussi deux êtres en parents. Pour ma part, mère de deux filles merveilleuses, mes préparations à accoucher m’auront certainement aidé à accueillir ces enfants que nous avons mis au monde. Avec un peu de recul, je peux affirmer aujourd’hui qu’elles nous auront surtout préparé mon conjoint et moi pour la suite de l’aventure qu’est la parentalité. J’ai envie de partager avec vous dans la bienveillance quelques astuces qui m’ont grandement servie et m’ont mené à toucher à mon pouvoir de femme, à cette puissance souveraine, celle de devenir mère.
Se préparer au grand voyage ; la naissance de votre enfant
J’ai eu la chance de suivre la session de yoga prénatal préparation à l’accouchement à la Chrysalide pendant ma première grossesse en 2018. J’ai beaucoup aimé parcourir les différents stades du travail en amont à l’accouchement (le pré-travail, la phase de latence, le travail actif et la poussée) tout en apprenant à chacune des séances à me déposer sur le tapis de yoga dans le moment présent, prendre du temps pour moi, me centrer et m’écouter pendant que je vivais les transformations de la grossesse. Au fil des semaines en suivant ce cours, j’aurai compris l’importance de me choisir, de me mettre au centre de mes priorités, de me respecter et également d’aller chercher des informations auprès des femmes de mon entourage qui ont toutes servi à ma préparation. Dans cette transmission, j’accumulais inconsciemment des outils dont j’aurais peut-être besoin pour mon voyage. Voyez-vous, je me préparais à faire un grand voyage d’une durée indéterminée dont j’étais la cheffe d’expédition. Mon corps était ce bateau dont j’aurais besoin pour naviguer en haute mer. Mon équipe était tout aussi importante puisque j’avais le désir d’accoucher de manière physiologique et je reconnaissais l’importance de choisir LA personne accompagnante que je voudrais à mes côtés.
L'importance du rôle de soutien du partenaire
Dans mon cas, mon amoureux était cette personne. Il était primordial de lui partager le plus d’information possible durant ma grossesse par le biais de mes cours de préparation à l’accouchement, mes lectures, mes rencontres etc. Je garde encore de merveilleux souvenirs du cours de préparation à l’accouchement en couple où mon homme a certainement pris la pleine mesure de l’importance de son rôle de soutien durant le travail. Toute occasion durant ma préparation était bonne pour essayer des points de pression proposés pour moduler les sensations durant l’accouchement avec mon partenaire et parler des changements que la grossesse me faisait ressentir. Il y a de grands bienfaits physiques et psychologiques qui sont apportés par le mouvement du corps. Pour moi c’est en pratiquant le yoga, la natation et la marche que j’ai préparé mon corps, notre bateau pour le voyage.
La confiance en soi, en son corps et en son bébé
Bien qu’il soit important de prendre soin de son corps en vue d’un accouchement, cultiver la confiance en soi l’est tout autant. Comment faire pour renforcer ce sentiment, malgré les doutes, les nombreux questionnements qu’engendrent les différentes étapes de la grossesse et l’accès à une panoplie de sources d’information ? Pour moi, le suivi professionnel avec sage-femmes et les cours de préparation à l’accouchement ont fait croître cette confiance en moi petit à petit lors des rencontres prévues à mon suivi de grossesse. Je remercie encore ces femmes du temps et de l’attention qu’elles m’ont accordés. Elles m’ont aussi rappelé par moments que les femmes accouchent depuis que le monde est monde et ont renforcé ce sentiment de confiance en me disant que j’avais tout ce qu’il fallait pour accoucher de l’enfant que je portais. Comme le dit si bien Michel Odent, obstétricien français, auteur, conférencier et pionnier de l’accouchement respecté :« les besoins de base de la femme qui accouche sont de se sentir en sécurité et qu’elle ne se sente pas observée ».
Les contractions s'apprivoisent comme des vagues
Attardons-nous aux sensations durant l’accouchement si vous le voulez bien. En plein travail actif, cela est comparable au moment où la tempête atteint son apogée. Les contractions peuvent être comparables à des vagues, puisque ces dernières se ressentent en crescendo arrivant doucement jusqu’à atteindre un seuil de douleur, puis repartent. Il est clair que vous êtes bel et bien en travail actif à ce stade et que votre communication avec votre personne de confiance est cruciale pour la suite du travail. Si c’est votre premier accouchement, ne vous découragez pas si après vous être déplacés à l’hôpital ou à la maison de naissance on vous conseille de retourner à la maison parce que le travail s’est arrêté ou bien que vous êtes possiblement encore en latence. Cela vous aidera à retrouver un espace de sécurité et d’intimité, votre zone de confort à la maison afin de réapprivoiser les contractions et de vous aider à libérer une hormone importante qui aide grandement à la dilatation du col de l’utérus qui s’appelle l’ocytocine, communément appelée l’hormone de l’amour. Rappelez-vous que cette hormone est timide et que vous avez besoin de respecter quelques besoins pour l’encourager ; de la pénombre, vous sentir en sécurité, de la chaleur, un environnement calme et ressentir le respect et la confiance des gens qui vous entourent. Votre accompagnant⁄e est aussi là pour vous rappeler de vous nourrir et de vous hydrater pendant le travail afin de ne pas manquer de force.
« Je n’y arriverai pas. » La phase de désespérance
Sachez qu’il y aura un court moment pendant la tempête qui arrive généralement pendant la période à laquelle le col de l’utérus passe de 5 à 10 cm avec des contractions plus rapprochées à toutes les 3 min. ou moins, où le doute s’emparera de vous. Votre corps vous enverra des signaux d’alarme qui laisseront place à la fatigue et au découragement. Il est fort probable même que vous prononciez ces mots : « Je n’y arriverai pas » ! On appelle cette étape la phase de désespérance, communément appelée le mur. Vous pouvez traverser ce mur avec l’aide d’une personne de confiance, souvenez-vous que cette période est la plus difficile, mais aussi la plus courte et qu’elle annonce bien souvent la venue imminente de votre bébé. Dans mon cas, j’avais parlé de cette phase avec mon conjoint pendant ma grossesse, je l’avais préparé en lui disant que j’aurais besoin de lui et que quand ce moment arriverait je le chercherais du regard avec grand besoin d’être encouragée et soutenue. Après en avoir discuté longuement ensemble, il a fini par me dire :« je vais me préparer quelques mots pour nous deux, de beaux mots d’encouragement, fais-moi confiance je te les dirai au moment venu ». Il est bon aussi de se rappeler qu’à chaque accouchement la phase de désespérance n’arrive pas tout à fait au même moment durant le travail. Pour mon premier accouchement, c’était durant la poussée. Je me souviens que j’étais entre les contractions de poussée pour voir naître notre bébé, quand j’ai senti la tête remonter légèrement. Bien que les sage-femmes étaient encourageantes et rassurantes en me disant que c’était tout à fait normal, que tout se passait bien et que c’était pour prévenir les déchirures du périnée. C’est à cet instant précis que j’ai frappé mon mur à moi. Je me suis posée et j’ai hoché la tête en signe de découragement puis j’ai regardé mon conjoint en lui disant que je n’y arriverais pas. À cet instant précis, il m’a soutenue du regard, son front appuyé sur le mien et m’a dit des mots qui nous appartiendront pour toujours, ces mots et surtout son regard m’ont donné la force dont j’avais besoin pour traverser ce mur et reprendre les poussées avec confiance jusqu’à l’arrivée de notre première fille. Mon homme me confia par la suite que j’avais rugi comme une lionne pour une dernière poussée avant d’accueillir notre bébé, puis nous nous sommes retrouvés en union tous les trois, à se regarder, à s’apprivoiser et à s’aimer tout simplement. Les sage-femmes étaient respectueuses de notre intimité tout en agissant comme de petites abeilles autour de nous en s’assurant que l’on ne manque de rien. C’était beau, c’était le calme après la tempête.
Tu as tout ce qu'il faut pour donner naissance à ton enfant
Je vous souhaite de préparer votre voyage dans la confiance et avec hâte. Et comme tout grand voyage, n’oubliez pas de prévoir le retour qui mérite que l’on s'y attarde, la période du post partum. Si vous êtes curieuses à ce sujet, ne manquez pas mon prochain texte sur le thème de l’importance de bien s’entourer.
Un merci spécial à grand-maman qui est allée prendre une marche avec mon bébé de 6 mois pour me permettre de terminer ce texte.
Pascale Lemieux